• Joseph MARTRAY

    Joseph MARTRAY

    Certainement sommes nous à la fin d'une époque.
    Une fois encore un ami est parti dans la maison du Père.
    Joseph MARTRAY a été emporté par l'Ankou vers l'île d'éternelle jeunesse à l'âge de 95 ans, ce 2 juin 2009. Fondateur du Comité d'étude et de liaison des intérêts bretons (CELIB) à Quimper en 1950, Joseph Martray aura été une des personnalités bretonnes les plus importantes du XXe siècle. J'ai fait sa connaissance en 1988 lors de la rédaction du livre "Regards sur la Bretagne" édité à l'occasion du 60ème anniversaire du Cercle Celtique de Cherbourg. Il avait très gentiment produit un article intitulé "La Bretagne dans la Révolution". Depuis, j'avais gardé un lien épistolaire avec Joseph et j'ai eu l'occasion de le rencontrer quelques autres fois.

    Son décès est donc la cause d'une grande tristesse. 

    Voici une belle biographie produite par l'Association des Ecrivains Bretons :  

     

    Joseph MARTRAY

    Joseph MARTRAY (Lamballe, 1914 - Rennes, 2009) 

    Né à Lamballe le 14 mai 1914, Joseph Martray fut remarqué de bonne heure par ses maîtres pour ses capacités intellectuelles et fut encouragé à poursuivre des études supérieures, en particulier par Henri Avril (1888-1949), député républicain des Côtes-du-Nord de 1919 à 1924 et ensuite directeur de l’Ecole primaire supérieure de Lamballe. Il poursuivit des études supérieures de lettres à l’Université de Rennes, où il eut comme condisciple Pierre Hélias, puis, après avoir obtenu sa licence, il devint rédacteur dans l’administration préfectorale en 1938, d’abord à Orléans, puis bien vite à Saint-Brieuc. De bonne heure, il fut gagné à l’idée bretonne, en particulier au contact d’étudiants originaires de Basse Bretagne dans ses années à l’université, et il ne devait plus cesser durant toute sa vie de lutter pour une profonde réforme de la France, redonnant de vrais pouvoirs et de vrais moyens aux régions. A Saint-Brieuc, il se lia d'une profonde amitié avec Louis Guilloux et créa notamment avec lui une Maison de la culture bretonne. Devenu à ce titre président de l’Union Folklorique de Bretagne, il fut appelé à faire partie du Comité Consulatif de Bretagne créé par le préfet régional Quenette en octobre 1942.

    En 1942, Yann Fouéré, avec l’appui financier d’industriels bretons, avait pris le contrôle du journal La Dépêche à Morlaix. En novembre 1943, il fit appel à Joseph Martray pour en être le rédacteur en chef, fonction que celui-ci allait occuper durant six mois avec l'accord des chefs du réseau de résistance “Défense de la France”, dont il faisait partie. Sous le pseudonyme de M. Mauguet-Martin, Joseph Martray ne cessa de dénoncer avec ironie les conceptions réactionnaires du gouvernement du maréchal Pétain et à traiter sa politique de retour aux provinces de “faux régionalisme”. Joseph Martray, en revanche, ne collabora jamais à l'hebdomadaire de Yann Fouéré La Bretagne (contrairement à ce qui a parfois été écrit). Le 6 juin 1944, premier jour du débarquement allié, Joseph Martray reçut l'ordre de son réseau de quitter son poste à La Dépêche et passa dans la clandestinité rejoignant le maquis de Lamballe.

    Il ne fut pas inquiété à la Libération du fait des services qu’il avait rendus à la Résistance mais ne renonça nullement à ses idées bretonnes. Il succéda en 1945 à Pierre Hélias au poste de rédacteur en chef de Vent d’Ouest, le journal du Mouvement de Libération Nationale, et resta à ce poste durant près de deux ans, collaborant étroitement avec André Frénay. Il fonda l’Union des Fédéralistes de Bretagne et participa aussi à la création de l’Union Fédéraliste des Communautés Européennes (UFCE). Dès octobre 1947, il lança une revue intitulée Le Peuple breton pour faite avancer l’idée du fédéralisme européen et de la régionalisation de la France. Dans cet esprit, il publia en 1947 un livre prémonitoire Le Problème breton et la réforme de la France (La Baule, Editions de Bretagne) qui parut presque simultanément avec Paris et le désert français de Jean-François Gravier. En 1948, à la suite d’une commande du gouvernement basque en exil, il fit paraître un second livre : Euskadi (Paris, Robert Wolney).

    A partir de 1949, il commença à oeuvrer pour la création d’un comité qui s’efforcerait de fédérer toutes les forces économiques, politiques et sociales de Bretagne pour son développement économique. A la suite d’un banquet organisé à Paris le 10 mai 1950, une journée fut organisé à l’Hôtel de Ville de Quimper le 22 juillet 1950 dans le cadre des Fêtes de Cornouaille et il y fut décidé de créer un “comité de liaison des intérêts bretons. Il fut décidé quelques semaines plus tard de lancer à partir du 1er décembre un mensuel La Vie bretonne. Le CELIB était né et l’année suivante, René Pleven, grande figure de la France Libre aux côtés du général de Gaulle, acceptait d’en prendre la présidence, mandat qu’il devait conserver jusqu’en 1973. Joseph Martray en fut pendant de nombreuses années le secrétaire général, puis le vice-président délégué. Pendant 20 ans, il multiplia les initiatives pour promouvoir le développement économique de la Bretagne et la prise en mains par les Bretons de leur avenir. Il créa le comité de propagande et de promotion des produits bretons gérant la marque «Bretagne», oeuvra pour la création d’une antenne de la Bretagne dans la capitale anglaise, le Centre Breton de Londres, puis pour la création du Centre Elysées Bretagne. Il joua un rôle discret mais très efficace pour l’implantation de nombreuses entreprises en Bretagne, en particulier pour inciter Pierre Bercot, le patron de Citroën, à installer une usine dans la région de Rennes...En 1964, il devint membre de la Commission de développement économique régional (Coder), créée auprès du préfet d’Ille-et-Vilaine, puis en 1974 et jusqu’en 1983, il devint membre du Comité économique et social régional. En 1970, après l’échec du référendum de 1969 sur la réforme régionale et le départ du général de Gaulle, il fit paraître un nouveau livre : La Région pour un Etat moderne (Paris, France-Empire) et il participa aussi à la création du Mouvement National pour la Réforme régionale et la décentralisation.

    Il fut aussi membre du Conseil économique et social national et s’y fit très vite connaître comme spécialiste des problèmes de la mer, participant dans la délégation française aux rencontres des Nations Unies sur le droit de la mer. Dans ce cadre, il publia deux rapports importants : La Protection et l’exploitation des océans et des fonds sous-marins (Paris, 1974) et L’Avenir des pêches maritimes françaises (Paris, 1976). En 1977, il fit paraître toujours sur ce sujet un livre : A qui appartient l’océan ? (Paris, EMOM). Devenu vice-président de l’Institut français de la mer, il dirigea pendant plusieurs années la rédaction de sa revue, la Nouvelle Revue Maritime.

    Ayant décidé de se retirer en Bretagne, il vint habiter au Pouliguen mais la santé de son épouse l’obligea à venir s’établir à Nantes où il ne tarda pas à créer une antenne très active de l’Institut français de la mer et où il fonda, avec le professeur André Vigarié de l’Université de Nantes, le Cedim, centre européen de documentation et d’information sur la mer. Toujours extrêmement actif, il écrivit encore plusieurs livres importants : La Bretagne dans la Révolution française : une passion déçue (France-Empire, 1985), La Destruction de la marine française par la Révolution (France-Empire, 1988) et Nous qui sommes d’Atlantique (Terre de brume, 1991). Établi après la mort de son épouse à Rennes depuis juin 2000, il continue d’être très actif intellectuellement donnant ainsi chaque mois un article de fond au mensuel Armor Magazine pendant des années. En mai 2001, il fit paraître un essai, écrit en collaboration avec Jean Ollivro, fils d’Edouard Ollivro : La Bretagne au coeur du monde nouveau, puis un autre, en janvier 2002, toujours avec Jean Ollivro : La Bretagne réunifiée, une véritable région européenne ouverte sur le monde. Puis en 2002, il fit paraître, seul, un dernier livre : Le tournant : la mondialisation, une chance pour la Bretagne chez Coop Breizh. 

     


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