• LES INTERDITS sont de dynamisants garde-fous

              L’interdit fait parti de toute éducation, encore faut-il qu’il soit opportun. Il y a deux façons de mal réguler une rivière. Placer le barrage trop près de la source, auquel cas la rivière fait des bonds par-dessus lui dans tous les sens ; ou, au contraire, le placer trop loin de la source, auquel cas la rivière se répand partout et ne trouve jamais son véritable lit. Il en est de même pour le désir humain qui est constitué de tendances agressives, d’appels de la sexualité et d’autres réalités encore… Pour qu’une personne soit insérée, adaptée, intégrée dans la société, il faut que tout cela soit régulé par les parents et les éducateurs.

     

                Au cours de ce travail d’éducation, comme pour bien placer le barrage d’un cours d’eau, deux risques existent : ou les interdits sont posés trop tard, ou beaucoup trop loin de la source du désir, c'est-à-dire que les interdits ne sont pas suffisamment bien formulés. Auquel cas le jeune est débordé par son agressivité ou sa sexualité. Il risque de commettre des actes délictueux de vandalisme ou autres afin de s’attirer des reproches et de se voir formuler des interdits. Ou les interdits sont placés trop près de la source du désir. L’enfant, alors, risque de souffrir de névrose, d’adopter des conduites sexuelles aberrantes ou de voir son champ de conscience être envahi par les fantasmes. Il n’est pas bon de quadriller l’enfant avec une multiplicité d’interdits qui l’empêchent d’expérimenter les limites de la réalité rationnelle et sociale.

     

    Pour qu’une personne puisse trouver son équilibre, trois interdits doivent absolument être posés :

    1.    L’interdit de tuer, c'est-à-dire de supprimer l’autre. On peut entendre aussi l’interdit de tuer la créativité et la liberté du prochain et spécialement du plus faible ou de l’enfant.

    2.    L’interdit de l’inceste, dont le but est de permettre à l’enfant de ne pas rester fusionné avec sa mère ou son père et de se diriger vers d’autres hommes ou femmes.

    3.    L’interdit du mensonge, c'est-à-dire respecter le support même de la communication entre les personnes. A savoir le langage. Ce dernier interdit permet de se fier en autrui, ce qui est au cœur de toute démarche morale.

     


    Il y a un rapport entre l’épanouissement et l’énoncé des interdits. En effet, le but des interdits est de signifier à l’enfant que tout n’est pas possible tout de suite, que son corps, sa famille et la société ont des limites. C’est certes un versant de l’éducation qui peut paraître négatif, mais il constitue un moment essentiel de la démarche pédagogique.

    Cependant, il y a un versant positif. Celui-ci consiste dans diverses réalités qui doivent s’articuler entre elles. D’abord mettre l’enfant dans un climat familial, scolaire, social où il fait bon vivre. Ce qui est éducatif en morale, c’est en premier ressort l’expérience que « ça vaut le coup de vivre », c’est-à-dire l’expérience de la paix et de la joie qui donnent l’envie de rester un « aventurier du désir ». (Pour un chrétien, cela évoque la joie ! En outre, le message le plus central de Jésus : les Béatitudes, commence de façon répétitive par : « heureux ceux qui… » Ndc). Cette expérience de la joie doit être accompagnée de propositions de modèles multiples qui aideront l’enfant à construire sa propre personnalité. De plus en racontant des récits aux enfants, par le biais de l’imaginaire, leur capacité d’actions pourront être stimulées. Enfin et surtout, les adultes veilleront à être des témoins crédibles des grandes valeurs c'est-à-dire des modèles (il ne faudra donc pas s’étonner que les responsables d’associations veillent à recruter et à initier des animateurs sensibles au caractère affinitaire de la FSCF. Ndc)

     

                Qui n’est pas au clair avec ses propres frustrations et sa propre agressivité trouvera difficile de s’opposer à un enfant. Pour réaliser une bonne éducation morale, il faut être convaincu que l’expérience d’une juste frustration est un passage obligé vers le bonheur. De même, l’éducateur doit tenter d’élucider son rapport à son agressivité. Il lui faudra en effet s’opposer, parfois de façon ferme, à certaines requêtes de l’enfant qui veut tout de suite des choses impossibles.

    Aimer c’est parfois, savoir dire non, savoir résister, savoir maintenir certaines exigences contre vents et marées, malgré les impatiences de l’enfant ou de l’adolescent.

    P. Christophe BOUDEREAUX

    Texte inspiré d’une conférence

    du père Xavier THEVENOT sdb

     

    Bibliographie :

    ü       « Souffrance – Bonheur – Ethique » Xavier THEVENOT Ed. Salvator.

    ü       « L’affectivité en éducation » Xavier THEVENOT Ed. Editions Don Bosco.

     


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