• Quetions à propos des églises paralléles

    QUESTIONS À PROPOS DES EGLISES PARALLELES.

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    Qui connaît en France les vieux-catholiques ? Ce sont des chrétiens qui en Europe sont environ 300.000. On les trouve principalement en Hollande, en Pologne, dans les pays germaniques et en Europe centrale.

    Leurs origines sont doubles : au XVIII° siècle, des opposants à Louis XIV  se réfugièrent en Hollande et finissent, avec l’Eglise locale, par élire un évêque. Cette Eglise (improprement appelée janséniste) a gardé une sensibilité très fidèle à ses origines et au XIX° siècle les opposants (des catholiques libéraux principalement en Allemagne et en Suisse) au 1° Concile du Vatican se trouvent séparés de la communion de l’Eglise romaine. Ils finissent par rejoindre le petit groupe de hollandais qui a conservé la succession apostolique. Ils constituent ensemble l’Eglise catholique de l’Union d’Utrecht et prennent le nom de «  vieux-catholiques ». Ils ont signé des accords de pleine communion avec la Communion Anglicane dés 1931 et le 2° Concile du Vatican a permis de grands rapprochements. L’auteur de cet article est lui-même prêtre vieux-catholique de l’Union d’Utrecht. Dans un esprit œcuménique il est aussi «  oblat » du monastère Notre Dame du Bec Hellouin. B.V.

     

    Combien de gens s’interrogent aujourd’hui. C’est  l’heure de l’œcuménisme ou de l’inter religieux et le terme d’Eglise parallèle semble maintenant entré dans le domaine public et dans un ensemble qui ne prête même plus à interrogation.

    Le simple mortel se demande parfois si ce n’est pas une querelle de mots – (ou d’ecclésiastiques et autant le dire, de curés jaloux) et pense que toute les Eglises se valent et qu’il n’y a pas à finasser.

    Pourtant nous sommes de plus en plus sollicités par de nombreux groupes qui proposent (souvent moyennant finance) des prestations alléchantes : des moyens de guérison, et à l’heure où les laïcs prenant une place non négligeable : proposent des enterrements avec prêtre. Bref, le marché du para- religieux n’a jamais été aussi florissant. Il faut reconnaître que c’est parfois tentant lorsque pris par le désespoir, la précipitation, ou jetés dans une ville inconnue on est habilement sollicité par des gens qui souvent savent y faire.

     

    Or,  l’église catholique romaine nous rappelle régulièrement ( cf : Dominus Jésus du  6 Août 2000)  qu’en elle seule «  subsiste » ( subsistit in) la totalité de la doctrine et que les évêques qui ne sont pas en communion avec le Siège de Pierre ne peuvent prétendre à la totalité de la vraie Foi. Chacun de nous se souvient encore des remous qu’une telle déclaration a soulevés car d’autres Eglises revendiquent une histoire toute aussi vénérable illuminée par des saints authentiques. Qu’il me soit permis de citer les Eglises Orthodoxes dont l’ancienneté et l’universalité n’est plus à démontrer et ma propre Eglise qui bien que petite (l’Eglise vieille-catholique de l’Union d’Utrecht) n’en est pas moins unie à l’histoire du christianisme en Occident. D’autres Eglises qui ne bénéficient pas de «  la succession apostolique » telle que la conçoit la théologie catholique romaine revendiquent avec force le terme d’Eglise, au premier rang desquelles se situe la Communion Anglicane. Est-ce seulement une querelle de mots et de principes que seuls les théologiens peuvent définir vraiment. Le fidèle ordinaire qui n’a que son petit catéchisme pour s’y repérer s’y perd un petit peu… On le comprend.

    Mais revenons en à la définition des «  Eglises parallèles ». Périodiquement les médias sont saisis d’affaires où le plus souvent  l’argent joue un certain rôle, et  dans lesquelles sont impliqués des évêques aux titres ronflants. Certains journalistes n’hésitent pas à parler de   « faux évêques, de faux prêtres », mais cette explication journalistique peut être dangereuse car elle inclut tous les prêtres et tous les pasteurs qui eux exercent leur pastorat de façon  normale et habituelle, au sein de l’Eglise Universelle. C’est très réducteur et rédigé par des gens certes bien intentionnés, mais qui n’y connaissent pas grand-chose, cela peut mener les lecteurs à une vision partielle (pour ne pas dire partiale) ! Ce sont de «  faux évêques » par rapport à qui, à quelle Eglise ? Par rapports à quoi. ?

    Lorsque je commençais une conférence sur ce thème original et peu connu, je prenais l’exemple de la célèbre publicité du Canada Dry… Vous vous rappelez ? C’est comme le champagne, ça y ressemble mais cela n’en est pas ! Depuis ce temps la publicité a fait de sérieux bonds en avant mais l’exemple reste valable. Tout est souvent là pour tromper les fidèles de bonne foi.

    Vous savez, vous qui me lisez, combien le mal être religieux des gens de notre génération est grand et combien leur ignorance peut parfois aller loin. Alors lorsque certains êtres sans scrupules proposent un erzast de religion qui ressemble à s’y méprendre à ce qu’on a toujours connu, comment ne pas tomber dans le panneau…Vous saisissez ?

    Ainsi par exemple  voici plus de 20 ans, un jeune homme était entré dans une Congrégation religieuse de France …Il la quitta sans que son curé en sache quelque chose. Il rencontra une Eglise «  parallèle » et fut ordonné dans celle-ci. Souhaitant dire sa première messe dans sa ville natale il fit envoyer des cartons annonçant cette ordination dans une église dont le nom ressemblait en tout à une église célèbre de la Ville de Rome. La famille et les amis s’affairèrent, un vin d’honneur fut organisé…mais le curé pris de doute se renseigna un peu plus : Aucune «  dimissoriale » (lettre par laquelle un évêque autorise un de ses diocésains à se faire ordonner prêtre) n’avait été demandée… ! Et les liens avec la paroisse étaient plus que lâches pour ne pas dire inexistants. Après enquête, le pot aux roses fut découvert juste avant la cérémonie, notre «  jeune » avait tout simplement été ordonné dans une «  Eglise parallèle » et tentait ainsi de se faire reconnaître. En médecine cela porte un nom : « Exercice illégal de la médecine ». . L’évêque du lieu interdit purement et simplement la cérémonie mais les gens de bonne foi, rouspèterent et trouvèrent que l’évêque  exagérait (il n’y a déjà pas tellement de bons prêtres, voilà que l’évêque veut interdire une cérémonie que tout le monde pensait légitime -  .Ce jeune prêtre n’avait pourtant rien fait, il était bien innocent…) Il n’y eu donc pas de «  première messe » mais seul le «  vin d’honneur » réunit parents et amis, ce qui permit de dire de bien vilaines choses sur l’évêque diocésain. Depuis ce temps, le jeune prêtre est devenu évêque dans une autre Eglise parallèle, il essaie en vain et par tous les moyens d’entrer dans l’Eglise (romaine) par la petite porte, mais comme il est bien connu, ses efforts sont vains et sans aucun doute resteront vains.

     Il ne m’est jamais venu à l’esprit de singer les prêtres catholiques romain. J’ai fait mes études dans l’Eglise Vieille-catholique de l’Union d’Utrecht qui pour des raisons historiques s’est trouvée séparée de Rome, je fais partie de beaucoup d’instances œcuméniques mais il ne m’est jamais venu à la pensée d’emmener des fidèles à Lourdes ou dans un quelconque lieu de pèlerinage et de me glisser dans une procession parmi les prêtres en aube. Les gens de bonne foi mais simples seront persuadés que X… où Y… est un prêtre authentique de l’Eglise romaine et tout est fait pour entretenir l’ambiguïté.

    J’ai tout à l’heure parlé de formation…Qu’en dire ?  Un futur prêtre ou un futur pasteur fera des études dans un séminaire ( ou dans une Faculté de théologie) et sera ordonné après une longue préparation, mais dans ce domaine des «  Eglises parallèles », le sacerdoce est   « donné »   ( parfois vendu) très rapidement.  Si la personne est adroite et ambitieuse, la promotion sera plus rapide : ce petit  monde a beaucoup d’évêques et de patriarches, mais peu de fidèles, peu de prêtres. Il est comme étaient autrefois les armées des pays bananiers d’Amérique du Sud : riches en généraux et pauvres en simples soldats. Il y a cependant des fidèles, peu nombreux parfois, et que sont-ils ? Que viennent-ils chercher ? Un ami qui avait assisté à un «  synode » d’une de ces Eglise me disait : «  j’ai trouvé  plusieurs types de fidèles : ceux qui désirent être prêtres et intriguent pour le devenir – ceux qui se trompent de bonne foi et qui pensent que la doctrine enseignée est solide – ceux qui veulent obtenir une guérison ou qui l’ayant obtenue voient le prêtre ou l’évêque comme un gourou auquel on doit la vie.Il y a en effet beaucoup de groupes «  guérisseurs » dans ce petit univers.

    Or, je distingue toujours les Eglises Historiques qui elles ont une histoire souvent longue mais qui sortent complètement de la vision des Eglises parallèles et celles-ci qui ne sont que le résultat  de problèmes de mal être : évêques, prêtres ou laïcs de ce petit monde expriment des sentiments qui semblent ne pouvoir se manifester autrement. . Vous savez lorsque vous avez des boutons sur votre corps c’est que cela cache quelque chose…Vous pouvez faire un empoisonnement ou quelque autre maladie. Les «  Eglises parallèles » sont un peu des boutons sur le Corps de l’Eglise. Il faut peut-être soigner la personne avant de mettre des pommades qui ne feront rien. Il y a un urgent travail de pastorale et de formation à mettre en place.

    J’ai essayé de faire un classement, arbitraire comme tout classement.

    Il y a d’une part les Eglises théologiques dont la caractéristique pratique est d’être d’abord une Eglise historique qui se place dans un processus de rupture ; Les causes peuvent être théologique (les orthodoxes ou les vieux-catholiques par exemple) ou politiques (les anglicans, les luthériens) mais souvent les deux causes se complètent. C’est pourquoi il est nécessaire d’avoir un minimum de connaissances lorsqu’une Eglise parallèle s’installe à deux pas de chez vous. Il y a aussi d’autre part, les Eglises «  parallèles » qui relèvent avant tout de la sociologie religieuse et non de la théologie.

    Mais comment distinguer une Eglise parallèle d’une Eglise historique ? : Parfois elles utilisent des appellations tombées dans le domaine public et se servent d’une argumentation qui ne peut laisser indifférent.

    Ce n’est pas la pauvreté ou la petitesse qui peuvent les distinguer. Et peut-être serez vous étonné de voir la photo du pape  et de nombreuses attestations trôner à l’entrée Peut-être les prêtres (et évêques) nombreux qui célèbrent à l’autel et la maigre assistance vous feront vous poser des questions, peut-être la faiblesse du discours théologique ou l’appel à des guérisons miraculeuses un peu trop répété vous mettront la puce à l’oreille… mais le plus simple n’est il pas de téléphoner à l’évêché local ( ou au délégué à l’œcuménisme) pour savoir si la chapelle X ….ou Y…est en communion avec le diocèse…Ou bien s’il s’agit d’une Eglise, insérée dans le tissu local et qui joue concrètement  le jeu œcuménique : les vieux-catholiques, les Luthériens, les Réformés, les Orthodoxes sont toujours dans ce cas, pour ne citer que les principaux. Ce n’est pas toujours facile de s’y repérer, mais il suffit d’y penser.

    Ces «  Eglises » ont aussi peut-être quelque chose à nous apprendre : Y a t il chez nous cette proximité et cette convivialité que l’on retrouve souvent dans de petits cénacles ? Y a-t-il cette simplicité et cette bonhomie que j’ai trouvées chez des prêtres ou des évêques d’Eglises parallèles. Si des problèmes se posent ici ou là est-ce toujours de la faute des autres ?

    Après (ou avant) cette lecture méditez donc  ce texte de Mathieu au chapitre 12 : (12,33)

    Gardez-vous des faux prophètes qui viennent à vous vêtus en brebis, mais qui au-dedans sont des loups rapaces. C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. Cueille-t-on des raisins sur un buisson d’épines, ou des figues sur des chardons ?  Ainsi tout bon arbre produit de bons fruits, mais l’arbre malade produit de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits, ni un arbre malade porter de bons fruits. Tout arbre qui ne produit pas un bon fruit, on le coupe et on le jette au feu. Ainsi donc, c’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez ».

     

    Bonne chance, mais ne vous égarez pas sur des chemins qui ne mènent nulle part. !

     

                                                                                                            B. VIGNOT

                                                                    Prêtre vieux-catholique de l’Union d’Utrecht

     Bibliographie :

                                 Bernard VIGNOT  
    «  Les Eglises parallèles » Cerf. Collection Bref. 1991.

    Annuaires – séries des années 80 - 90 et 2009 – 3 fascicules en 2005-2007&2009

    Commnder chez l’auteur.


    Extrait de les Amis du Bec Heoouin. Bulletin N° 162 - juin 2008

     

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