• REGARDE LE MOUTON


    C’est le temps de l’Avent, bientôt, une fois encore : Noël. J’ai fait ma crèche, c’est si important (cf. message 2004). Elle est toujours classique. Ce soir je suis assis à côté, dans la nuit, une bougie l’éclaire d’une flamme vacillante à l’emplacement où je déposerai Jésus, nouveau-né emmailloté en rentrant de la messe, après la sainte veillée  de Noël. Comme c’est devenu une habitude, tel un enfant qui joue avec les sujets de sa ferme, dépose les personnages de ma crèche encore vide les uns après les autres, petit à petit. Avant hier j’ai placé le bœuf dans la grotte, qui est une étable. Hier, j’ai placé le bœuf (en relisant mon message de 2005). Il y a trois jours, un peu à l’écart, comme s’il était dans les collines à l’entour de Bethléem, j’ai placé le berger. Ce dernier est comme les enfants de ce monde, si loin de pouvoir deviner la surprise qui sera la sienne (cf. message 2003) et ses moutons. Ce soir, je regarde les moutons, je les imagine en troupeau, collés les uns prés des autres, bêlants.  Le bélier, le bouc, la biquette, la chèvre, le chevreau, l’agneau …. Les mots s’enchaînent et se bousculent, ma tête est au bord de l’étourdissement. Il me revient de façon récurrente une image se fixer à mon esprit. Il s’agit d’une de celles de ma première communion. C’est un petit mouton, un agneau pour tout dire, doré. Il semble marché. Il est comme barré d’une bannière, une de ces bannières que portent les statuts de Jeanne d’Arc dans les vieilles Eglises rurales. Quelle devise pouvait bien figurer sur cet oriflamme ? « Mont-joie ! »,  peut-être ? mais mon esprit semble préférer : « Voici l’agneau de Dieu » et comme par un réflexe compulsif je le prolonge, comme une oraison jaculatoire en pensant, que dis-je ? en affirmant : « Celui qui enlève le péché du monde ! »

     

    Ce soir, dans ma crèche, je regarde le mouton et je médite….

    Fragile bête qui risque l’attaque d’un loup. Comme elle est agréable la prophétie d’Isaïe où le loup sera l’hôte de l’agneau (Is 11,6), elle sera belle notre terre lorsque le loup et l’agneau pâtureront ensemble (Is 65, 25). Mais l’agneau est aussi victime de l’homme, j’imagine tous les moutons offerts en holocaustes tout au long de l’histoire sainte, ces béliers et agneaux gras par milliers …  Le sacrifice d’Isaac ne fut-il pas lui même achevé par celui d’un bélier dont les cornes étaient prises dans les branches d’un buisson (Gen 22,1-16) ?

    C’est aussi le plat prévu avant le départ du peuple choisi du pays de Pharaon : la Pâques (Ex 12,3).

     

    L’Agneau signe du salut, bête de substitution, tel le bouc émissaire. Ce Jésus que nous attendons, n’est il pas celui dont Jean Baptiste déclara : « Voici l’Agneau de Dieu qui ôte le pêché du monde » (Jn 1,29 -36) ?

     

    Cette crèche de Noël que nous regardons trop souvent avec insouciance baignés de souvenirs d’enfance recèle tous les signes de l’annonce. On peut y voir des mystères d’avant la création et de l’éternité. C’est pourquoi, prés de ta crèche, prends le temps de regarder, observer, écouter, méditer, … adorer Ouvre les yeux de la foi et laisse toi surprendre par cette révélation : C’est pour te sauver que Dieu lui même vient sur terre afin de porter sur lui les fautes de l’humanité. En contemplant la crèche regarde le surprenant commerce de ce Dieu qui par Amour, ne fera pas justice selon la loi qui condamnerait chaque homme, mais selon sa miséricorde qui veut sauver chacun d’entre nous à la manière d’un parent qui préfère se voir mourir plutôt que la mort de son enfant.

                 

                            Alors, en ce temps de Noël, n’oublie pas de méditer devant la crèche.



    Le 15/12/2006
    P. Boudéreaux Christophe



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