• NOËL

         J'ai toujours aimé la fête de Noël, c'est pourquoi je lui réserve une rubrique. Vous y trouverez des méditations mais aussi quelques informations sur les traditions de Noël :

    - As-tu fais ta crèche ? (méditation)
    - Ecoutes l'âne. (méditation)
    - Enquête sur le Père Noël (Ne pas faire lire aux enfants)
    - La paternité de Joseph. (méditation)
    - Le chien du berger. (méditation)
    - Le droit du toit. (méditation) 
    - Regarde le mouton.  (méditation)
    - Surprise du berger ! (méditation) 

    - Surprenants Santons (Humour).

    - Traditions de la Bûche de Noël.

  •      Bientôt Noël, il faut se préparer, c’est le temps de l’Avent. Tu sais ce qu’est Noël, on le fête depuis des siècles, presque vingt, mais cette année vas tu te sacrifier aux traditions ou habiter l’événement.

     

                Noël, le Messie va venir, mais nul ne sait « ni le jour, ni l’heure ». Seras-tu prêt ou prends-tu le risque d’être surpris ? Car le Seigneur, le Roi des rois ne vient pas dans les apparences de la gloire telle que nous l’exprimons ici bas. Non, le Seigneur, le Dieu créateur, viendra sous la forme la plus surprenante, dans la faiblesse et l’innocence du nouveau-né ; le Seigneur qui est tout-puissant vient nous rejoindre en se faisant dépendant, pauvre et nu.

     

                Surprenant ! Dieu, pour visiter l’Homme, ne fait pas de manières. Il vient au cœur de la vie de chacun à la rencontre de nos réalités quotidiennes. Il vient rejoindre nos pauvretés physiques, psychologiques, morales et spirituelles. Pour Lui pas besoin de faire du « chichi », il s’invite chez chacun et pas question de Lui chercher un hôtel (et surtout ne pas se préoccuper des étoiles car c’est Lui l’étoile du monde), il s’invite là où se trouve de la place.

     

                As-tu imaginé que Dieu puisse s’inviter chez toi ? comme il le fit pour Zachée (Luc 19,1-10) or tu n’es pas moins digne que lui qui fut un collecteur d’impôts indélicat, mais lorsque Jésus lui a dit : « je dois aller chez toi », il courut ranger sa maison pour tout organiser. En effet il a compris que Dieu venait « là où il crèche ». Alors lui (Zachée), qui n’était pas sur la paille, s’est surpris à se vouloir honnête et généreux : « Voilà, je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. » Oui Jésus vient sur la paille de notre désir de nous ressaisir, notre désir de faire le bien, de nous racheter et comme nous n’en avons pas la force seul, comme nous n’en avons pas vraiment les moyens, car ça nous mettrait sur la paille, c’est là, justement, que naît Jésus : dans notre pauvreté, notre indigence, notre impuissance à faire bien.

     

    Cette année la crèche de Noël sera ton cœur ! Tu es « un âne », « un gros bœuf », pas de souci, Jésus les a côtoyé tout petit ; tu sens le crottin des erreurs quotidiennes, il suffit que tu retrousses les manches pour changer la paille de tes pauvretés (en agriculture spirituelle, la machine à remplacer la paille s’appelle la confession, ne l’oublie pas) ; tu es têtu et dur comme du roc, justement Jésus est venu dans une grotte, un trou dans un rocher ; tu n’es pas digne, penses-tu, et tu le regrettes : c’est justement les conditions nécessaires pour que Jésus te dise : « Aujourd’hui, il faut que je demeure chez toi ».

     

                Alors, en ce temps de l’Avent, n’oublie pas de faire ta crèche !



    18/11/2004

    P. Christophe Boudéreaux

     

    AS-TU FAIT TA CRECHE ?

    AS-TU FAIT TA CRECHE ?


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  • ECOUTES L'ÄNE

    C’est le temps de l’Avent, bientôt Noël, j’ai fait ma crèche. C’est si important (cf. message 2004). Elle est simple, classique. Ce soir je suis assis devant, dans la nuit. J’ai placé un lumignon à l’emplacement où je déposerai le nouveau-né emmailloté, lors de la sainte nuit  de Noël, en rentrant de la messe. Il est tard, la crèche est vide. J’ai décidé de ne déposer les personnages que petit à petit. Un peu à l’écart, j’ai placé le berger et ses moutons. Il est dans les collines à l’entour de Bethléem. Il ne peut deviner la surprise qui sera la sienne (cf. message 2003) Hier, dans la grotte, qui est une étable, j’ai placé le bœuf. Déjà il y fait bon, sur la paille son pelage dégage de la chaleur. Ce soir, j’ai placé l’âne. Il est gris, les oreilles pointues, comme il se doit. Je le regarde songeur, étonnant animal que l’âne, on le respecte peu, il n’a pas la réputation de noblesse que l’on attribue au cheval et pourtant … Du cheval, je sais qu’un psaume dit qu’ « il ne donne pas le salut ! », alors que l’âne est plus clairvoyant que le devin (Nbre 22,21-40). 

     

    Ce soir j’écoute l’âne de la crèche  car je sais, ayant lu la seconde lettre de Pierre (2P2,16), que Dieu, s’il le veut : « fait parler d’une voix humaine la bête de somme » ; et que l’âne, contrairement à l’homme embarrassé dans son quotidien, sait voir l’invisible :

    « Je vais marcher beaucoup le 24 afin que mon maître, le sage Joseph, de la tribu de David puisse obéir au décret de César Auguste qui « a décidé de recenser le monde entier » (Lc 2,1) La route de Nazareth à Bethléem sera difficile et délicate car son épouse, Marie, est enceinte et va bientôt mettre au monde.

    Je ne suis pas inquiet car je sais et je vois, comme vit en son temps mon Aïeule, l’ânesse de Balaam, l’agitation des anges et des forces invisibles. Car celui qui va naître est, je te le dis : le Messie. Il est cousin de lien social de ce jeune Jean le fils d’Elizabeth dont les nombreuses années confirmaient sa stérilité. Aussi surprenante fut la naissance de Jean, celle du petit qui va venir est plus admirable encore.

    Le sais-tu ? L’union de Marie et Joseph est de parfaite continence. L’enfant à venir est Fils de Dieu venu par la force de l’Esprit-Saint qui a couvert de son ombre la fille de Sion.

    Mais ne croit pas que sa venue en ce monde des hommes, ce monde qu’il a créé sera grandiose et victorieuse. Dieu se fait Homme pour que sa création qui est à son image puisse être sauvée du péché. C’est pourquoi Dieu naît dans un drame ordinaire de précarité dans une époque historiquement violente et mouvementée. Dieu, dès ce jour est au milieu des hommes : EMMANUEL ! et il va assumer et récapituler toute l’humanité.

    Bientôt, je repartirai avec eux trois pour vivre l’exil en Egypte. Puis, plus tard c’est un de mes descendants qui le portera pour son entrée victorieuse aux yeux des hommes à Jérusalem. Mais là encore, sa véritable victoire sera dans l’apparente faiblesse et la mort car c’est par delà ce qui fait peur et qui tue que se trouve la libération » 

     

                Noël, bientôt, toi qui es prêt de ta crèche, prends-tu le temps d’observer, écouter, méditer, … adorer ? Ouvre les yeux de la foi et laisse toi surprendre par cette révélation : C’est dans la faiblesse qu’agit la force de Dieu.

                 

                            Alors, en ce temps de Noël, n’oublie pas de méditer devant la crèche !

     

    Le 19/12/2005
    P. Boudéreaux Christophe
     

     


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  • (Avertissement : cette enquête ne conserne pas les enfants pour les quels l'imaginaire est très important !) 

         Qui donc est ce personnage qui fait rêver tant de petits enfants sages et semble faire de l’ombre au sens chrétien de la fête de la nativité ? Personnage lié à la fête de Noël, il fit son apparition au 19ème siècle sous le nom de Father Christmas ou Santa Claus en anglais, par transit des Pays-Bas d’où les colons l’importèrent en arrivant. Le terme « Père Noël » apparaît plus tardivement en France, au début du 20ème siècle, à la faveur, en particulier, des anglo-saxons durant les deux grandes guerres. Mais aussi dans un contexte de laïcisation active qui tentait d’affranchir la société du rythme et de l’influence de l’Eglise.Catholique. Le père Noël semble donc ne synthèse de diverses influences à travers les siècles. Sa fonction principale est de distribuer des cadeaux aux enfants dans les maisons pendant la nuit de Noël qui a lieu chaque année dans la nuit du 24 au 25 décembre.
    Le Père Noël est une expression esthétique du syncrétisme que peut produire le pouvoir économique afin de générer son activité propre. Pourtant, bien qu’il soit un archétype de notre société de consommation, le Père Noël reste chargé d’une histoire spirituelle et d’un imaginaire. Peut-être est-ce là le secret de sa notoriété ?  


    Au commencement, les rites d’hivers. 

         En Europe, les rituels liés à l'approche de l'hiver sont ancestraux :
    Chez les Celtes, la pratique d’offrandes aux diverses forces du cosmos et du monde invisible était gratifiée en retour de dons de ceux-ci. Ainsi les Koriganed (korigan au pluriel) en apportant des offrandes de remerciements au nom du dieu Gargan (qui inspira le Gargantua de Rabelais).
    On dit que le dieu viking Odin, descendait sur terre pour offrir des cadeaux aux enfants.
    Chez les scandinaves, Julenisse, un lutin, apporte des cadeaux pour la Midtvintersblot, la fête du milieu de l'hiver. Notons que Julenisse portait la barbe blanche, le bonnet et les vêtements en fourrure rouge.
    Dans de nombreuses régions d’Europe, pour exorciser la peur de l'obscurité, une tradition ancestrale et païenne, voulait que, les jeunes hommes se grimaient et allaient de maisons en maisons pour quémander des offrandes. Ailleurs, en pays celtique en particulier, ces monstres venaient au début de l’hivers en la fête de Samain devenue, plus tard Hallowen (déformation de All a win – Tous vainqueurs [= Tous ressuscités] la Tous-Saints).

         La société médiévale, christianisera ces traditions populaires en particulier en proposant des figures de saints dont les qualités remplaçaient et même surpassaient les figures païennes.


    La figure de Saint Nicolas

         C’est le sort que subit Nicolas de Myre, évêque, qui vivait au IVe siècle au sud de la Turquie actuelle près d'Antalya. Né à Patara en Asie Mineure entre 250 et 270 après J-C. Il fut contemporain de la dernière vague de persécutions et, selon la tradition, du Ier concile de Nicée en 325, moment important du christianisme. Il mourut le 6 décembre, en 345 ou en 352 dans la ville portuaire de Myre en Asie Mineure. Devenu « Saint Nicolas », ses ossements furent conservés dans une église de Myre jusqu'au XIe siècle. Ils ont la particularité de suinter une huile sacrée. Cette manne est connue dans l'Europe du Moyen Âge.
    C'est l'un des saints les plus populaires en Grèce et dans l'Eglise Latine. Sa vie et ses actes sont entourés de légendes. Selon la légende, il aurait ressuscité trois enfants trucidés par un horrible boucher. Il est alors présenté comme le saint protecteur des tous petits. C'est pourquoi, en sa mémoire, depuis le XIIe siècle, principalement dans les pays d'Europe du Nord et de l'Est, on raconte que, chaque année, Saint Nicolas habillé comme on l’imaginait (grande barbe, crosse d'évêque, mitre, grand vêtement à capuche) va de maison en maison dans la nuit du 5 au 6 décembre pour demander aux enfants s'ils ont été obéissants. Les enfants sages reçoivent des cadeaux, des friandises et les méchants (depuis le XVIe siècle) reçoivent une trique donnée par un compagnon : le Père Fouettard, il s’agirait en fait du boucher de la légende des trois enfants. En France, à partir du XIIe siècle également, St Nicolas est accompagné du « vieux » qui présidait le cortège. Ce dernier sera appelé « Noël ».


    Le Protestantisme et la laïcité

         Dans les régions et pays européens où le protestants furent majoritaires (les protestants luthériens en Allemagne et aux Pays-bas en particulier, mais aussi les protestants français : les huguenots et la plus part des calvinistes), rejetant le rôle patronal des saints, la fête de Saint Nicolas fut abolie.
    C'est au Pays-Bas que saint Nicolas se transforme après la Réforme en un personnage semi-laïc, Sinter Klaas par l´influence des huguenots. Au début du XVIIe siècle, des Hollandais émigrèrent aux États-Unis et fondèrent une colonie appelée "Nieuw Amsterdam" (en néerlandais) qui, en 1664, devint New York. En quelques décennies, cette coutume néerlandaise de fêter la Saint-Nicolas se répandit aux États-Unis. Pour les Américains, Sinter Klaas (Saint Nicolas) devint rapidement Santa Claus.
    La société chrétienne trouva plus approprié que cette "fête des enfants" soit davantage rapprochée de celle de l'enfant Jésus. Ainsi, dans les familles chrétiennes, saint Nicolas, quand ce n’était pas le « Noël » lui-même, fit désormais sa tournée la nuit du 24 décembre. Étrangement, au Canada, les francophones catholiques utiliseront longtemps le personnage de l'enfant Jésus, alors que Santa Claus se chargera de distribuer des cadeaux aux petits anglophones.
    De même, bien avant la popularisation du « père Noël », les catholiques français attribuaient au Petit Jésus les cadeaux de la nuit de Noël et résistèrent longtemps au « père Noël », patronyme qui désignera le personnage popularisé en France par les Américains à la fin de la Seconde Guerre mondiale mais déjà connu dès la fin de la première guerre mondiale. 
     
         Le 23 décembre 1822, le pasteur américain Clement Clarke Moore publie un poème intitulé A Visit from St Nicholas, dans lequel il présente saint Nicolas comme un lutin sympathique, dodu et souriant, qui distribue des cadeaux dans les maisons et se déplace sur un traîneau volant tiré par huit rennes nommés Fougueux (Dasher), Danseur (Dancer), Fringant (Prancer), Rusé (Vixen), Comète (Comet), Cupidon (Cupid), Tonnerre (Donder) et Éclair (Blitzen). Ce poème a joué un rôle très important dans l'élaboration du mythe actuel. Publié pour la première fois dans le journal Sentinel de New York le 23 décembre 1823, il fut repris les années suivantes par plusieurs quotidiens américains, puis traduit en plusieurs langues et diffusé dans le monde entier.
    C'est vers 1850 que le passage de la célébration de la Saint-Nicolas à celle de Noël se fixe au Royaume-Uni, en lien avec Charles Dickens et ses « Livres de Noël ». 


    L’image publicitaire

         En 1860, le journal new-yorkais Harper's Illustrated Weekly représente Santa Claus vêtu d'un costume orné de fourrure blanche et d'une large ceinture de cuir. Pendant près de 30 ans, Thomas Nast, illustrateur et caricaturiste du journal, illustra par des centaines de dessins tous les aspects de la légende de Santa Claus et donna au mythe ses principales caractéristiques visuelles : un petit bonhomme rond, vêtu de fourrure, la pipe au coin de la bouche comme un Hollandais. C'est également Nast qui, dans un dessin de 1885, établit la résidence du Père Noël au pôle Nord. Cette idée fut reprise l'année suivante par l'écrivain George P. Webster.

         L'idée selon laquelle le Père Noël aurait été dessiné par la compagnie Coca-Cola en 1931 est une légende urbaine. Une étude de la représentation du Père Noël dans les années précédentes montre en effet que l'aspect qu'on lui connait aujourd'hui était déjà répandu, y compris sa couleur rouge, utilisée dès 1866. Avant Coca-Cola, de nombreuses firmes avaient déjà utilisé son image dans des publicités, comme Michelin par exemple. Par contre il semble que Coca-Cola ait largement contribué à la popularisation de l'image actuelle, grâce au talent artistique de Haddon Sundblom. Coca Cola souhaitait ainsi inciter les consommateurs à boire du Coca Cola en plein hiver. Ainsi, pendant près de 35 ans, Coca-Cola diffusa ce portrait du père Noël dans la presse écrite et, ensuite, à la télévision partout dans le monde.


    Conclusion 

         Le père Noël a désormais une stature humaine, très accessible, un ventre rebondissant, une figurine sympathique, un air jovial et une attitude débonnaire. La longue robe rouge a été remplacée par un pantalon et une tunique. Ceci est plus marqué aux Etats Unis, car en France, le père Noël a conservé sa longue robe rouge. Il entre dans les maisons par la cheminée (s'il y en a une) et dépose les cadeaux dans des chaussures disposées autour du sapin de Noël ou devant la cheminée (en France), dans des chaussettes prévues à cet effet accrochées à la cheminée (en Amérique du Nord et au Royaume-Uni), ou tout simplement sous le sapin. En Islande, il dépose un petit cadeau dans une chaussure que les enfants laissent sur le bord d'une fenêtre dès le début du mois de décembre. Au Québec, les cadeaux au pied du sapin sont de mise, en plus des « bas de noël » disposés sur la cheminée dans lesquels on met les petites surprises.

         Le père Noël ne fait plus vraiment polémiquer. Tous se l’approprie, jusqu’au parti communiste qui en fait un outil de propagande pour la solidarité grâce au Père Noël vert du secours populaire. Même si le mythe peut varier fortement d'une région à l'autre, notamment à cause du climat du 25 décembre qui peut aller du plein hiver dans l'hémisphère nord au plein été dans l'hémisphère sud, on l'imagine généralement comme un gros bonhomme avec une longue barbe blanche, habillé de vêtements chauds de couleur rouge avec un liseré de fourrure blanche ; des lutins l'aident à préparer les cadeaux. Il effectue la distribution à bord d'un traîneau volant tiré par des rennes (ou sur une planche de surf en Australie).


    Anecdotes 

    La hotte du père Noël peut être un panier ou alors être une sorte de grand sac marron, dans lequel les cadeaux de tous les enfants doivent être entreposés.

    Où habite le père Noël ? Le lieu d'habitation du Père Noël est très controversé. Selon les Norvégiens il habite à Droeback, à 50 km au sud d'Oslo. Pour les Suédois, c'est à Gesunda, au nord-ouest de Stockholm, et pour les Danois au Groenland. Les Américains sont persuadés qu'il habite au pôle Nord, mais en 1927 les Finlandais ont décrété que le Père Noël ne pouvait pas y vivre, car il lui fallait nourrir ses rennes : sa résidence fut donc fixée en Laponie, au Korvatunturi puis, cette région étant un peu isolée, ils l'ont fait déménager près de la ville de Rovaniemi. La Sibérie revendique également cet honneur, mais il y a sans doute confusion avec Ded Moroz, le cousin serbo-russe du père Noël qui est fêté le 7 janvier avec sa fille Sniégurotchka. Le Canada, pour sa part, prétend humblement qu'il serait simplement dans le grand-nord canadien, plus particulièrement dans les Territoires du Nord-Ouest. Au Québec, il viendrait tout simplement du Québec, comme le mentionne la chanson populaire du temps des fêtes : « Le Père Noël c't'un Québécois ». En 1953, Réal Rousseau et Jacques T. Melchers construisirent à résidence d'été du Père Noël à Val-David dans les Laurentides, au Québec. Le Père Noël y déménagea l'année-même et y arriva en hélicoptère. Il y revient à chaque été et a reçu près de 3 millions de visiteurs7. Dans le Pacifique, l'île Christmas se revendique également comme une résidence secondaire du père Noël. La Turquie, qui a gardé des reliques de saint Nicolas dans la très touristique région d'Antalya, est aussi de la partie.
    Dans nombre de pays, une lettre envoyée au Père Noël (quelle que soit l'adresse inscrite : Pôle Nord, Laponie ou autre) sera traitée par le service des postes qui répond aux jeunes expéditeurs.

    Combien le Père Noël a-t-il de cerfs ? Jusqu'au tournant du XXe siècle, le Père Noël n'a que huit rennes (Tornade, Danseur, Furie, Fringuant, Comète, Cupidon, Éclair et Tonnerre). Le neuvième, nommé Rudolphe, fut créé en 1939 par le poète Robert L. May dans un conte où le Père Noël doit affronter des conditions météorologiques si mauvaises qu'il risque d'être en retard dans sa livraison de cadeaux. Dans cette histoire, il réussit à les distribuer grâce au nez lumineux de Rudolphe qui l'orientait dans la tempête. Ce comte inspira un chant de Noël dont le refrain est : « Il s’appelait Nez-Rouge, Ah comme il était mignon. Ce p’tit renne au nez-rouge. Rouge comme un lumignon…. »
    En 2001 est sorti un film d'animation anglais avec des personnages en pâte à modeler dont le héros est Robbie le renne qui rêve de devenir un membre de l'attelage du Père Noël, comme son père.


    Père Christophe BOUDEREAUX 10/12/2009  


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  • LA PATERNITE DE JOSEPH

    C’est déjà le temps de l’Avent, il faut faire sa crèche (cf. message 2004) en vue de cette si belle et  populaire fête de Noël. En fait, j’en ai plusieurs chez moi. La crèche  malgache offerte par mon amie est placée dans mon oratoire. Cette année, sur une étagère de bibliothèque, libérée pour l’occasion, j’ai décidé de placer une crèche plus traditionnelle que l’année dernière. Avec précaution j’ai sorti dans le désordre chaque santon : l’ange, le mouton (cf. message 2006), le berger et son chien (cf. messages 2003 et 2007), l’âne (cf. message 2005) et le bœuf et la sainte famille bien sûr.

     

    Je pensais que pour que mon message ait un effet bœuf Il m’aurait suffit de deviser sur l’honorable bovin. Cependant mes méditations m’ont conduit à regarder avec insistance, reconnais-sance et admiration l’époux de la Vierge Marie : Joseph.  

     

    Cet homme juste à l’instant de la venue au monde de l’Enfant savait bien que ce dernier était fruit du Saint-Esprit. Il n’est pas le père de celui auquel pourtant il donnera son nom : Jésus,  faisant de Lui non seulement un descendant de David, mais surtout, à cet instant, son enfant acceptant en tant que père sur la terre la charge de protection et d’éducation.  

     

    «Père» … Ce soir, le mot résonne fort en mon cœur. Est-ce parce que j’ai été conduit à devoir quitter mes nombreux protégés de la Fondation des Orphelins Apprentis d’Auteuil ? Est-ce parce qu’à plusieurs reprises, cette année encore, des jeunes avec lesquels j’ai eu un accompagnement très fort m’ont demandé de les accompagner une fois de plus pour un événement décisif de leurs vies (mariages, baptêmes, …) ? J’éprouve pour tous ces jeunes, en particulier, des sentiments, des émotions … si forts qu’il me semble qu’ils sont à la ressemblance de ceux d’un père pour ses enfants.  

               

    N’allez pas croire qu’il s’agit là seulement d’épanchements affectueux ; ni, non plus, d’une captation affective (antichambre du chantage du même qualificatif), NON !  Car lorsque j’ai éprouvé pour eux (et le eux c’est souvent vous) ces débordements émotionnels ce n’est pas, d’abord, lorsque nous étions ensemble (en camps, à l’aumônerie, chez eux, …) mais surtout lorsque nous vivions une étape vers leur pleine autonomie (fin d’année, fin de projets, fin d’une préparation de sacrement ou lorsque je célébrais précisément ce sacrement, …), l’achèvement d’un accompagnement pour qu’ils vivent leur vie propre sous le regard de Dieu qui par Jésus Christ leur dit : « Tu es mon fils bien aimé … » (Mat 3,17 ; 17,5 Mc 1,11 ; 9,7 Lc 3,22 ; 9,34 Jn1,34). En ce sens Joseph me parait le modèle du serviteur quelconque pourtant si pleinement concerné.  

      

    Ce soir, en tenant la figurine de Joseph entre mes doigts, je veux me mettre à son école pour apprendre à sa suite comment, tout au long de ma vie, être disponible à favoriser une fécondité qui n’est pas de ce monde, une fécondité invisible, la fécondité de Dieu. Ce service, je crois, s’appelle paternité spirituelle. 

     

    Noël, bientôt, à toi de faire ta crèche. Prends le temps, toi aussi, de méditer sur chacun des personnages. N’oublie pas d’envisager que tu es appelé, tour à tour, à être l’un d’entre eux.   

     

    Le 09/12/2008
    P. Christophe Boudéreaux  


     


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  • C’est le temps de l’Avent, bientôt Noël, je vais faire ma crèche (cf. message 2004). Une amie m’en a offert une toute simple, en bois, fabriquée par un malgache. Cette année ma crèche ne sera pas classique. Les santons traditionnels n’y seront pas. Il y aura la sainte famille bien sûr, l’âne (cf. message 2005) et le bœuf, c’est heureux mais rien d’autres. Pas d’ange, pas de berger ni de mouton et par conséquent pas de chien.

     

    Il va me manquer ce chien. Est-ce parce que je n’en ai pas ? Peut-être … Je crois plutôt que, ce soir, en imaginant la sainte nuit où  le nouveau-né emmailloté sera dans la crèche, accompagnant les bergers (cf. message 2003) et leurs moutons (cf. message 2006). il ne peut pas n’y avoir pas de chien. Il va de soit pour moi que dans les collines à l’entour de Bethléem, le chien est présent qui garde le troupeau. 

    Notre société compte avec faveur et bienveillance ce compagnon à quatre pattes, il n’est pas le moins quotté de nos « 30 millions d’amis ». Mais il n’en était pas de même il y a 2000 ans en Israël. En effet, à l’époque de Jésus, les chiens étaient surtout sauvages, souvent en meute agressifs et … charognards. En témoignent dans la Bible les expressions de malédictions telles que : « dévoré par les chiens » (cf. Ex22,30 - 1Ro14,11 ; 16,4 ; 21,19et23 ; 22,38 -  2Ro9,10 et36 – Ps67,24 – Jg15,3) ou les signes de malpropreté du chien qui retourne à son vomissement (cf. Pr26,11 – 2Ph2,22 …). On comprendra mieux encore le degré de pauvreté atteint par Lazare dont les plaies étaient léchées par les chiens (Lc16,21) ou l’humiliation de la samaritaine qui compare son peuple aux petits chiens qui ramassent les miettes (cf. Matt15,26 ou Mc7,27).

     

    Pourtant c’est par comparaison aux chiens qui lapent que Dieu fait choisir ses guerriers par Josué (Jug7,5)  Faut-il n’être que de noble extraction et de bonnes manières pour servir Dieu ? S’il en était autrement, l’enfant Dieu ne serait-il pas né en grande gloire comme il se présentera aux jours derniers ?  

    Par ailleurs, le chien est également signe de fidélité. C’est bien ainsi qu’il faut considérer le chien de Tobie (Tob6,1 et 11,4). Présence discrète qui peut-être signe de protection divine lorsque le chien ne se comporte pas comme on pourrait s’y attendre et spécialement lorsqu’il n’aboie pas comme il le fait trop souvent (cf. Ex11,7 – Jud11,19).  

     

    Ce soir j’observe le chien qui s’interdit de japper ou grogner devant la crèche, tout au plus gémit-il et surtout il bat de la queue pour dire son excitation, sa satisfaction. Il se comporte comme se comportèrent les chiens en faveur du chef de guerre assyrien Holopherne  selon les prédictions de Judith afin qu’il prenne le pouvoir sur Jérusalem (Jud11,1-23).

    Or Jésus, le Messie ne vient-il pas prendre le pouvoir sur Israël et le sauver ? Ainsi je comprends grâce au chien de la crèche, qui lui aussi témoigne, que « s’accomplissent les Ecritures » (Jn19,36) et que l’on dise comme il se fit au pied de la Croix « Vraiment cet homme est le Fils de Dieu » (Mc15,39 ; Mt27,54 ; Lc 23,47 ; Jn 19,30)

     

                Noël, bientôt, toi qui es prêt de ta crèche, prendras-tu le temps d’observer, écouter, méditer, … adorer ? En Ouvrant les yeux de la foi et laisses toi surprendre par la Révélation : C’est lorsqu’il ne s’y attend pas que Dieu visite son peuple.

    Alors, en ce temps de Noël, n’oublie pas de méditer devant la crèche.          


    Le 07/12/2007
    P. Christophe Boudéreaux



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    LE DROIT DU TOIT

     

    « Elargis l’espace de ta tente, déploie sans hésiter la toile de ta demeure, allonge tes cordages, renforce tes piquets »

    Isaïe 54,2

     

     

    L’abri est, avec le pain, un droit pour chacun. Celui qui n’a pas de quoi se protéger des regards ou des intempéries qui l’assaillent, succombe sous les assauts du froid, de la peur, de l’humiliation.

     

    Là où est notre demeure, là est la forme visible de notre vie … Là nous pouvons trouver le repos et le repas, du courage pour le jour, et du temps pour la réflexion, de l’amitié et de la solitude aux instants qui conviennent .

     

    Celui qui n’a pas même un toit, où trouvera-t-il tout ce qui le maintiendra dans le minimum vital de dignité ?

     

                Toi qui ne manque ni d'un toit, ni d'un repas, viens, au milieu des hommes de bonne volonté, élargir notre tente, en te faisant solidaire de ceux qui vivent ou travaillent auprès de toi ; en sachant accueillir largement (famille, amis bien sûr, voisins mais aussi l'inconnu, l'étranger) ; en t’impliquant dans la vie de la cité  ; en participant généreusement aux actions de solidarités ; …

    En effet, si ,comme l’écrivit Saint-Exupéry dans le Petit Prince, « On ne voit bien qu’avec le cœur », alors pour voir Jésus, notre Dieu qui s’est fait homme, tu ne le découvriras qu’en regardant le plus petit et le plus démuni des hommes. N'est-il pas né dans une crèche ?  

     

                Que ces fêtes de Noël qui s’annoncent soient joyeuses pour toi et ton entourage.

     

    JOYEUX NOËL et BONNE ANNEE

     

     

    P. Christophe BOUDEREAUX
    Décembre 2005


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  • REGARD DU BOEUF              Nous sommes dans l’Avent, dans quelques jours nous fêteront la belle solennité de Noël. Une fois encore je n’ai pas fait de crèche. Mais je suis allé voir celle de la cathédrale de Toulon. Au pays des santons, je ne peux déroger à la tradition. Ce soir, dans ma petite chambre, allongé sur mon lit, je me remémore l’évènement qui viendra, la naissance de Jésus, en visualisant mentalement tous les personnages.

    Est-ce l’éloignement des bocages d’ouest ? La présence du bœuf s’impose à moi. Comme il serait heureux dans nos bocages verdoyants où l’odeur de l’herbe et de la terre humide exhale un parfum que ni les pins, ni la lavande ne me font oublier.

     

                Mais il est là, dans la crèche où viendra, dans la nuit, à l’heure où on ne l’attend pas, le Messie, celui que le monde attend.

     

    Il est là à côté de l’âne, cette bête de somme qui sait voir l’invisible (cf. message 2005). Je le regarde … ou, peut-être ?, c’est lui qui me regarde de ses grands yeux encadrés de longs et impressionnants sourcils. Il regarde comme s’il observait le monde, à moins qu’il ne regarde comme le monde devrait le faire.

     

    On se raille trop souvent des bovins qui regardent passer les trains et tout ce qui bouge en général ; mais ils regardent, eux, alors que notre Seigneur regrette que nous nous bouchions les yeux (Mat 13,15). Notre drame n’est-il pas, selon le prologue de Jean, que nous ayons vu le verbe sans le reconnaitre (Jn1,10) ? Nous regardons sans profondeur.

     

                Dans la crèche le bœuf regarde comme on devrait le faire entre nous-autres, frères en humanité, il regarde avec amour. L’Evangile de Luc développe en particulier la tendresse de Dieu. Ce n’est sûrement pas un hasard si, dans le tétra-morphe, l’évangéliste St Luc, médecin,  est représenté par un taureau. En effet le bœuf de la crèche regarde avec application à la manière du médecin qui instruit son diagnostic.

     

    Il regarde et il est un témoin de la venue du Sauveur qui vient avec tendresse et discrétion.

     

    Cette tendresse avec laquelle le bœuf regarde les événements à la foi merveilleux et pourtant très simples en humanité. Car notre Dieu ne vient pas sous les feux de la rampe, il ne fait pas de show-biz, ni de buzz ; son annonce ne se fait pas sur le web ou sur les réseaux satellitaires et télévisés.

     

    Le Salut, vient dans notre humanité, un jour de l’histoire. Il vient avec simplicité, lui qui est Dieu, pour rendre parfait la création.

     

    Car notre monde est parfait lorsqu’il est ordonné à son Créateur mais notre orgueil et notre égoïsme nous éloignent de Lui et font régner les ténèbres.

     

    Se faisant un d’entre nous, Jésus vient apporter la lumière qui est la vie (Prologue de Jean). Or la vie est la communion avec Lui, le Verbe éternel. Qui regarde Jésus, comme on le fait d’une page internet ne pourra pas voir. Il faudrait que nos yeux adoptent le langage de Dieu : la tendresse, l’infini Amour « qui va jusqu’à donner sa vie pour ceux qu’il aime » (Mat.20,28 ; Mc10,45 ; Lc22,27).

     

                Accepterons-nous cette Lumière qui resplendit dans nos ténèbres ou ne la reconnaitrons-nous pas laissant encore possible des massacres d’innocents ?

     

               Noël, bientôt, puisse cette fête n’être pas futilement réduite aux joies familiales où les enfants seront choyés ir-raisonnablement. Puisse Noël garder en nos cœurs son sens lumineux  et profond afin que nos fêtes et agapes soient profondément justifiées. Puisse nos cœurs ne pas rester sourds à l’annonce des anges : «Aujourd’hui, à Bethleem, un Sauveur vous est né !».

     

     Le 17/12/2011 P. Boudéreaux Christophe


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  • C’est le temps de l’Avent, bientôt, une fois encore : Noël. J’ai fait ma crèche, c’est si important (cf. message 2004). Elle est toujours classique. Ce soir je suis assis à côté, dans la nuit, une bougie l’éclaire d’une flamme vacillante à l’emplacement où je déposerai Jésus, nouveau-né emmailloté en rentrant de la messe, après la sainte veillée  de Noël. Comme c’est devenu une habitude, tel un enfant qui joue avec les sujets de sa ferme, dépose les personnages de ma crèche encore vide les uns après les autres, petit à petit. Avant hier j’ai placé le bœuf dans la grotte, qui est une étable. Hier, j’ai placé le bœuf (en relisant mon message de 2005). Il y a trois jours, un peu à l’écart, comme s’il était dans les collines à l’entour de Bethléem, j’ai placé le berger. Ce dernier est comme les enfants de ce monde, si loin de pouvoir deviner la surprise qui sera la sienne (cf. message 2003) et ses moutons. Ce soir, je regarde les moutons, je les imagine en troupeau, collés les uns prés des autres, bêlants.  Le bélier, le bouc, la biquette, la chèvre, le chevreau, l’agneau …. Les mots s’enchaînent et se bousculent, ma tête est au bord de l’étourdissement. Il me revient de façon récurrente une image se fixer à mon esprit. Il s’agit d’une de celles de ma première communion. C’est un petit mouton, un agneau pour tout dire, doré. Il semble marché. Il est comme barré d’une bannière, une de ces bannières que portent les statuts de Jeanne d’Arc dans les vieilles Eglises rurales. Quelle devise pouvait bien figurer sur cet oriflamme ? « Mont-joie ! »,  peut-être ? mais mon esprit semble préférer : « Voici l’agneau de Dieu » et comme par un réflexe compulsif je le prolonge, comme une oraison jaculatoire en pensant, que dis-je ? en affirmant : « Celui qui enlève le péché du monde ! »

     

    Ce soir, dans ma crèche, je regarde le mouton et je médite….

    Fragile bête qui risque l’attaque d’un loup. Comme elle est agréable la prophétie d’Isaïe où le loup sera l’hôte de l’agneau (Is 11,6), elle sera belle notre terre lorsque le loup et l’agneau pâtureront ensemble (Is 65, 25). Mais l’agneau est aussi victime de l’homme, j’imagine tous les moutons offerts en holocaustes tout au long de l’histoire sainte, ces béliers et agneaux gras par milliers …  Le sacrifice d’Isaac ne fut-il pas lui même achevé par celui d’un bélier dont les cornes étaient prises dans les branches d’un buisson (Gen 22,1-16) ?

    C’est aussi le plat prévu avant le départ du peuple choisi du pays de Pharaon : la Pâques (Ex 12,3).

     

    L’Agneau signe du salut, bête de substitution, tel le bouc émissaire. Ce Jésus que nous attendons, n’est il pas celui dont Jean Baptiste déclara : « Voici l’Agneau de Dieu qui ôte le pêché du monde » (Jn 1,29 -36) ?

     

    Cette crèche de Noël que nous regardons trop souvent avec insouciance baignés de souvenirs d’enfance recèle tous les signes de l’annonce. On peut y voir des mystères d’avant la création et de l’éternité. C’est pourquoi, prés de ta crèche, prends le temps de regarder, observer, écouter, méditer, … adorer Ouvre les yeux de la foi et laisse toi surprendre par cette révélation : C’est pour te sauver que Dieu lui même vient sur terre afin de porter sur lui les fautes de l’humanité. En contemplant la crèche regarde le surprenant commerce de ce Dieu qui par Amour, ne fera pas justice selon la loi qui condamnerait chaque homme, mais selon sa miséricorde qui veut sauver chacun d’entre nous à la manière d’un parent qui préfère se voir mourir plutôt que la mort de son enfant.

                 

                            Alors, en ce temps de Noël, n’oublie pas de méditer devant la crèche.



    Le 15/12/2006
    P. Boudéreaux Christophe



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  • SURPRISE DU BERGER !

    Un berger de l’autre côté de Bethléem vient d’arriver pour voir ce que signifie le remue ménage de la nuit.

    En effet, alors qu’il gardait ses moutons, il aperçut des phénomènes lumineux du côté de la vieille crèche là bas, à 5km de la sienne. Et il n’y eu pas que des lumières mais un étrange oiseaux lumineux lui était apparu. Ce n’était pas un rêve, ni même un songe car ses compagnons, comme lui, le virent aussi. Imaginez la panique, tous tremblaient et s’effondraient de peur. Alors cet être de lumière leur a dit :

    « Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David. Et ceci vous servira de signe : vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche ».  

    Et pour clore cette annonce, il y eut un tourbillon de lumière, d’autres êtres étranges - une armée disait-il - virevoltaient en chantant un air joyeux et solennel qui disait :

    « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes objets de sa complaisance ! ».

     

    Comme c’était beau à voir et à entendre, une vraie vision paradisiaque ! Il leur en a fallu du temps avant de redescendre sur terre et, après conciliabule, convenir qu’il ne fallait pas refuser cette invitation. Lui et ses compagnons prirent le chemin non sans une immense excitation. Ils n’en finissaient pas de se raconter ce qu’ils venaient de voir et ils commentaient :

    « Comme ça devait être sacrement beau et impressionnant à voir là bas, là où il est le messie.

    « Vous-vous rendez compte ? c’est le Christ, le Messie qu’il nous a annoncé ! celui que tout le monde attend pour rejeter la puissance occupante.

    « Ils vont passer un sale quart d’heure les romains quand ils vont voir ce que nous avons vu ! Car c’est une armée d’anges qui l’accompagne.

    « Enfin, le règne de Dieu arrive ! … 

     

    Arrivant non loin de la crèche les bergers, sans s’en rendre compte, parlaient de moins en moins fort, puis de moins en moins pour ne plus parler du tout comme on le fait lors d’une procession recueillie. Ils arrivaient devant la crèche dans l’attitude la plus pieuse qui soit.  Les chefs des prêtres qui entrent dans le Saint des Saint, au Temple de Jérusalem, ne pouvaient être plus recueillis. Quelle scène étrange ! Quel étonnement !  … Quel contraste avec ce qu’ils s’attendaient à voir !

     

    « Quel étonnant libérateur » se dit alors notre berger, car ce n’est pas un chef de guerre qui est là, non mais comme nous l’avait dit l’ange : « un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche ». Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? C’est à n’y rien comprendre. Et de quoi peut bien nous libérer un bébé ? »

    « Et pourtant, se disait-il, il se passait quelque chose de fort ici, une atmosphère surnaturelle, un goût de « jamais vu » ; ou plus exactement une ambiance « qui sonne juste », vraie ; Ce qui est là est beau ! ; du bon « à l’état brut », nature, sans artifice et faux semblant : du sublimement simple. C’est ça ! oui c’est ça : du merveilleusement familier !  ».

    Et, contemplant la modeste nurserie du Seigneur, notre berger continuait à méditer :

    « Mais de quoi nous libère-t-il ce petit ? tout cela est si commun, si simple, si humble que s’en est touchant et donne envie d’aimer. Oh ! oui cette ambiance de Paix, cette plénitude d’Amour, c’est la simplicité de ce spectacle qui la donne à voir : l’humilité c’est l’Amour incarné.

    Mais alors, ce petit, c’est bien le Christ, le Messie et ce dont il vient nous sauver c’est de notre peur de Lui que nous croyons si lointain, alors qu’il se veut plus familier. C’est pour témoigner de son Amour que Dieu est venu nous rejoindre. Or  l’humilité est source de familiarité ; et sans familiarité, l’affection ne se prouve pas ; et sans cette preuve,  il ne peut y avoir de confiance.

    Désormais,  je le sais, je peux croire en Dieu,  je peux lui faire confiance car Dieu s’est fait l’un de nous, il s’est fait à l’égal, il s’est fait mon frère et je sais maintenant que s’est en étant moi même au plus vrai, au plus parfait que je peux suivre Dieu, me faire l’objet de sa complaisance. Oui, vraiment, ce jour est de PAIX ! ».  

     

     

    Le 8 décembre 2003

    P. Boudéreaux Christophe

     


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  • La bûche de Noël en Bretagne

    (Cette description de la bûche de Noël en Bretagne a été reproduite par un grand nombre de journaux, et revues : les Annales politiques, la Revue française, etc.)

    En Bretagne, la plus grande fête de l'année était la fête de Noël, et ce que nous, pauvres paysans, nous aimions le plus dans cette fête, c'était la Messe de minuit. Maigre plaisir, pour vous autres citadins qui aimez vos aises ; mais qu'était-ce pour nous, paysans, qu'une nuit blanche?
    Même quand il fallait cheminer dans la boue et sous la neige, pas un vieillard, pas une femme n'hésitait. On ne connaissait pas encore les parapluies à Saint-Jean-Brévelay, ou du moins on n'y connaissait que le nôtre, qui était un sujet d'étonnement et d'admiration. Les femmes retroussaient leurs jupes avec des épingles, mettaient un mouchoir à carreaux par- dessus leurs coiffes, et partaient bravement dans leurs sabots pour se rendre à la paroisse. Il s'agissait bien de dormir !

    Personne ne l'aurait pu. Le carillon commençait dès la veille après l'Angélus du soir, et recommençait de demi-heure en demi-heure jusqu'à minuit ! Et pendant ce temps-là, pour surcroît de béatitude, les chasseurs ne cessaient pas de tirer des coups de fusil en signe d'allégresse ; mon père fournissait la poudre. C'était une détonation universelle. Les petits garçons s'en mêlaient, au risque de s'estropier, quand ils pouvaient mettre la main sur un fusil ou un pistolet.
    Le presbytère était à une petite demi-lieue du bourg ; le recteur faisait la course sur son bidet, que le quinquiss (le bedeau) tenait par la bride. Une douzaine de paysans l'escortaient, en lui tirant des coups de fusil aux oreilles. Cela ne lui faisait pas peur, car c'était un vieux chouan, et il avait la mort de plus d'un bleu sur la conscience. Avec cela, bon et compatissant, et le plus pacifique des hommes, depuis qu'il portait la soutane, et que le roi était revenu.

    On faisait ce soir-là de grands préparatifs à la maison. Telin-Charles et Le Halloco mesuraient le foyer et la porte de la cuisine d'un air important, comme s'ils n'en avaient pas connu les dimensions depuis bien des années. Il s'agissait d'introduire la bûche de Noël, et de la choisir aussi grande que possible. On abattait un gros arbre pour cela ; on attelait quatre bœufs, on la traînait jusqu'à Kerjau (c'était le nom de notre maison), on se mettait à huit ou dix pour la soulever, pour la porter, pour la placer : on arrivait à grand-peine à la faire tenir au fond de l'âtre ; on l'enjolivait avec des guirlandes ; on l'assurait avec des trônes de jeunes arbres ; on plaçait dessus un gros bouquet de fleurs sauvages, ou pour mieux dire de plantes vivaces. On faisait disparaître la table du milieu ; la famille mangeait un morceau sur le pouce. Les murs étaient couverts de nappes et de draps blancs, comme pour la Fête-Dieu ; on y attachait des dessins de ma sœur Louise et de ma sœur Hermine, la bonne Vierge, l'Enfant Jésus.

    Il y avait aussi des inscriptions : Et homo factus est ! On ôtait toutes les chaises pour faire de la place, nos visiteuses n'ayant pas coutume de s'asseoir autrement que sur leurs talons. Il ne restait qu'une chaise pour ma mère, et une tante Gabrielle, qu'on traitait avec déférence et qui avait quatre-vingt-six ans. C'est celle-là, mes enfants, qui savait des histoires de la Terreur ! Tout le monde en savait autour de moi, et mon père, plus que personne, s'il avait voulu parler. C'était un bleu, et son silence obstiné était peut-être conseillé par la prudence, dans un pays où il n'y avait que des chouans.

    L'encombrement était tel dans la cuisine, tout le monde voulant se rendre utile et apporter du genêt, des branches de sapin, des branches de houx, et le bruit était si assourdissant, à cause des clous qu'on plantait et des casseroles qu'on bousculait, et il venait un tel brait du dehors, bruits de cloches, de coups de fusil, de chansons, de conversations et de sabots, qu'on se serait cru au moment le plus agité d'une foire.

    A onze heures et demie, on entendait crier dans la rue : Naoutrou Personn ! Naoutrou Personn ! (M. le recteur, M. le recteur). On répétait ce cri dans la cuisine, et à l'instant tous les hommes en sortaient ; il ne restait que les femmes avec la famille. Il se faisait un silence profond. Le recteur arrivait, descendait de son bidet que je tenais par la bride (c'est-à-dire que j'étais censé le tenir, mais on le tenait pour moi ; il n'avait pas besoin d'être tenu, le pauvre animal). A peine descendu, M. Moizan montait les trois marches du perron, se tournait vers la foule découverte, ôtait lui-même son chapeau, et disait, après avoir fait lé signe de la croix: Angélus Domini nuntiavit Mariae ". Un millier de voix lui répondaient.

    La prière finie, il entrait dans la maison, saluait mon père et ma mère avec amitié, M. Ozon, le maire, qui venait d'arriver de Pénic-Pichou, et M. Ohio, le maréchal ferrant, qui était greffier du juge de paix. M. Ozon, M. Ohio étaient les plus grands seigneurs du pays. Ils savaient lire ; ils étaient riches, surtout le premier. On offrait au recteur un verre de cidre qu'il refusait toujours.

    Il partait au bout de quelques minutes, escorté par M. Ozon et M. Ohio, puis, aussitôt, on se disposait à bénir la bûche de Noël. C'était l'affaire de dix minutes. Mon père et ma mère se tenaient debout à gauche de la cheminée. Les femmes que leur importance ou leurs relations avec la famille autorisaient à pénétrer dans le sanctuaire, ce qui veut dire ici la cuisine, étaient agenouillées devant le foyer en formant un demi-cercle.

    Les hommes se tenaient serrés dans le corridor, dont la porte restait ouverte, et débordaient dans la rue jusqu'au cimetière. De temps en temps, une femme, qui avait été retenue par quelques soins à donner aux enfants, fendait les rangs qui s'ouvraient devant elle, et venait s'agenouiller avec les autres. Tante Gabrielle, revêtue de sa mante, ce qui annonçait un grand tralala, était à genoux au milieu, juste en face de la bûche, ayant à côté d'elle un bénitier et une branche de buis, et elle entonnait un cantique que tout le monde répétait en chœur.

    Vraiment, si j'en avais retenu les paroles, je ne manquerais pas de les consigner ici ; je les ai oubliées, je le regrette ; non pas pour vous, qui êtes trop civilisés pour vous plaire à ces souvenirs, mais pour moi. Et, après tout, je n'ai que faire de la chanson de tante Gabrielle, puisque je ne sais plus un mot de bas-breton. L'air était monotone et plaintif, comme tout ce que nous chantons chez nous à la veillée ; il y avait pourtant un crescendo, au moment où la bénédiction allait commencer, qui me donnait ordinairement la chair de poule…
    Jules SIMON.


    La bûche de Noël en Provence

    Les Provençaux apportaient au foyer le joyeux cariguié, ou vieux tronc d'olivier choisi pour brûler toute la nuit; ils s'avançaient solennellement en chantant les paroles suivantes : Caclio fio. Cache le feu (ancien).
    Bouto fio. Allume le feu (nouveau).
    Dieou nous allègre. Dieu nous comble d'allégresse !

    Le plus ancien de la famille arrosait alors ce bois, soit de lait, soit de miel, en souvenir de l'Eden, dont l'avènement de Jésus est venu réparer la perte, soit de vin, en souvenir de la vigne cultivée par Noé, lors de la première rénovation du monde. Le plus jeune enfant de la maison prononçait, à genoux, ces paroles que son père lui avait apprises :
    " O feu, réchauffe pendant l'hiver les pieds frileux des petits orphelins et des vieillards infirmes, répands ta clarté et ta chaleur chez les pauvres et ne dévore jamais l'étable du laboureur ni le bateau du marin. "

    Cette scène si touchante de la bûche de Noël occupe toute une salle du musée d'Arles ; en voici la description : Neuf mannequins de grandeur naturelle sont groupés autour de la cheminée dans laquelle flambe la bûche de Noël. La première personne de gauche est l'aïeul, en costume du dix-huitième siècle. Il arrose, il bénit la bûche avec, du vin cuit et prononce les paroles sacramentelles. Cette formule renferme tout à la fois une prière et d'heureux souhaits pour toute la famille, debout devant la table chargée des plats réglementaires.

    Alègre ! Alègre ! Dieu nous alègre.
    Calendo ven, tout ben ven
    E se noun sian pas mai, que noun fuguen men !
    Dieu vous fague la graci de veire l'an que ven.

    Dieu nous tienne en joie ; Noël arrive, tout bien arrive ! Que Dieu nous fasse la grâce de voir l'année prochaine, et si nous ne sommes pas plus nombreux, que nous ne soyons pas moins ! "

    En face, assise, l'aïeule file sa quenouille. Derrière elle, le fermier, aîné des garçons, dit lou Pelot, s'appuie sur la cheminée, ayant sa femme vis-à-vis. A coté du Pelot, sa jeune sœur, souriante et rêveuse ; elle s'entretient avec lou rafi (valet de ferme). Près de la table, à gauche, l'aînée des filles prépare le repas, tandis qu'au fond le guardian, armé de son trident, et le berger avec son chien, se préparent à assister au festin familial. Une jeune enfant écoute religieusement la bénédiction du grand-père (benedicioun d'ou cacho-fio) (Le Museon Arlaten, par Jeanne de Flandreysy).

    Mistral, quand il fut nommé membre de l'Académie marseillaise, en cette langue provençale si colorée, qu'il parle si bien, nous a donné, dans son discours, un tableau pittoresque de cette scène ravissante de la bûche de Noël :
    " Au bon vieux temps, la veille de Noël, après le grand repas de la famille assemblée, quand la braise bénite de la bûche traditionnelle, la bûche d'olivier blanchissait sous les cendres et que l'aïeul vidait, à l'attablée, le dernier verre de vin cuit, tout à coup, de la rue déjà dans l'ombre et déserte, on entendit monter une voix angélique, chantant par là-bas, au loin dans la nuit. "

    Et le poète nous conte alors une légende charmante, celle de la Bonne Dame de Noël qui s'en va dans les rues, chantant les Noëls de Saboly à la gloire de Dieu, suivie par tout un cortège de pauvres gens, miséreux des champs et des villes, gueux de campagne, etc., accourus dans la cité en fête.

    " Et vite alors, tandis que la bûche s'éteignait peu à peu, lançant ses dernières étincelles, les braves gens rassemblés pour réveillonner ouvraient leurs fenêtres, et la noble chanteuse leur disait : " Braves gens, le bon Dieu est né, n'oubliez pas les pauvres ! " Tous descendaient alors avec des corbeilles de gâteaux, et de nougats - car on aime fort le nougat dans le Midi - et ils donnaient aux pauvres le reste du festin ".

    Comment résister au désir que nous avons depuis longtemps de publier la bûche de Noël de Frédéric Mistral qui a bien voulu correspondre avec nous et nous donner des renseignements si intéressants sur les coutumes de Noël.

    Cette description si gracieuse, si poétique, faisait primitivement partie du poème de Mireille : l'auteur a cru devoir la supprimer pour éviter les longueurs. (Il faut être bien puissant et bien sûr de soi pour négliger un tel tableau ou le reléguer dans les bas côtés de son œuvre. Lisons, relisons la traduction de ces beaux vers. Quelle naïveté ! Quelle beauté simple et pieuse ! Quelle rusticité pleine de saveur! De plus, quelle noblesse fière ! Oui, c'est ainsi que doit être sauvée Pâme d'un peuple et maintenue la haute tradition d'un pays. Chaque stance est soutenue par un souffle divin (X***)).

    " Ah ! Noël, Noël, où est ta douce paix ? Où sont les visages riants des petits enfants et des jeunes filles ? Où est la main calleuse et agitée du vieillard qui fait la croix sur le saint repas ?

    " Alors le valet qui laboure quitte le sillon de bonne heure, et servantes et bergers décampent, diligents. Le corps échappé au dur travail, ils vont à leur maisonnette de pisé, avec leurs parents, manger un cœur de céleri et poser gaiement la bûche au feu avec leurs parents.

    Du four, sur la table de peuplier, déjà le pain de Noël arrive, orné de petits houx, festonné d'enjolivures. Déjà s'allument trois chandelles neuves, claires, sacrées, et dans trois blanches écuelles germe le blé nouveau, prémice des moissons.

    Un noir et grand poirier sauvage chancelait de vieillesse. L'aîné de la maison vient, le coupe par le pied, à grands coups de cognée, l'ébranlé et, le chargeant sur l'épaule, près de la table de Noël, il vient aux pieds de son aïeul le déposer respectueusement.

    Le vénérable aïeul d'aucune manière ne veut renoncer à ses vieilles modes. 11 a retroussé le devant de son ample chapeau, et va, en se hâtant, chercher la bouteille. H a rois sa longue camisole de cadis blanc, et sa ceinture, et ses braies nuptiales, et ses .guêtres de peau.

    Cependant, toute la famille autour de lui joyeusement s'agite... - " Eh bien? Posons-nous la bûche, enfants ? - " Allégresse ! Oui ". Promptement, tous lui répondent : " Allégresse. " - Le vieillard s'écrie : " Allégresse ! Que notre Seigneur nous emplisse d'allégresse ! Et si une autre année nous ne sommes pas plus, mon Dieu, ne soyons pas moins ! "

    Et, remplissant le verre de clarette devant la troupe souriante, il en verse trois fois sur l'arbre fruitier. Le plus jeune prend l'arbre d'un côté, le vieillard de l'autre, et sœurs et frères, entre les deux, ils lui font faire ensuite trois fois le tour des lumières et le tour de la maison.

    Et dans sa joie, le bon aïeul élève en l'air le gobelet de verre : " 0 feu, dit-il, feu sacré, fais que nous ayons du beau temps ! "

    Bûche bénie, allume le feu ! Aussitôt, prenant le tronc dans leurs mains brunes, ils le jettent entier dans l'âtre vaste. Vous verriez alors gâteaux à l'huile et escargots dans l'aïoli heurter dans ce beau festin vin cuit, nougat d'amandes et fruits de la vigne.

    D'une vertu fatidique vous verriez luire les trois chandelles, vous verriez des esprits jaillir du feu touffu, du lumignon vous verriez pencher la branche vers celui qui manquera au banquet, vous verriez la nappe rester blanche sous un charbon ardent et les chats rester muets !


    La bûche de Noël en Normandie

    Voici en quels termes Marchangy (1782-1826) parle de cet usage en Normandie : Le père de famille, accompagné de ses fils et de ses serviteurs, va à l'endroit du logis où, l'année précédente, à la même époque, ils avaient mis en réserve les restes de la bûche de Noël. Ils rapportent solennellement ces tisons qui, dans leur temps, avaient jeté de si belles flammes à rencontre des faces réjouies des convives. L'aïeul les pose dans ce foyer qu'ils ont connu et tout le monde se met à genou en récitant le Pater. Deux forts valets de ferme apportent lentement la bûche nouvelle, qui prend date, comme dans une dynastie. On dit la bûche 1ere, la bûche 2e, la 20e, la 30e, ce qui signifie que le père de famille a déjà présidé une fois, deux fois, vingt fois, trente fois semblable cérémonie.

    La bûche nouvelle est toujours la plus grosse que le bûcheron puisse trouver dans la forêt, c'est la plus forte partie du tronc de l'arbre ou, le plus souvent, c'est la masse de ses énormes racines, qu'on appelle la souche ou la coque de Noël.
    A l'instant où l'on y met le feu, les petits enfants vont prier dans un coin de l'appartement, afin, leur dit-on, que la souche leur fasse des présents, et, tandis qu'ils prient, on met à chaque bout de cette souche des paquets d'épices, de dragées et de fruits confits. Qu'on juge de l'empressement et de la joie des enfants à venir recevoir de pareils présents !

    De nos jours, l'usage de la bûche de Noël tend à disparaître des pays normands.

    Longtemps, les pauvres gens des campagnes, en attendant l'heure de la messe de minuit, ont dû se réchauffer autour de l'énorme bûche éclairant de sa lumière flamboyante la compagnie réunie sous la hotte de la cheminée. C'est assis, devant son brasier, qu'on restait jusqu'au moment où, à travers champs, on allait gagner la pauvre église où devait se célébrer la Messe des bergers. C'est devant l'âtre rougeoyant qu'on se racontait toutes ces légendes merveilleuses de Noël, toutes ces traditions qui, contées par la voix tremblante des aïeules, se sont transmises jusqu'à nos jours : et les pierres tournantes, comme celles de Gerponville, de Saint-Arnoult, de Malle-mains, qui tournent sept fois pendant la nuit de Noël ; et les trésors qui ne se découvrent que lorsqu'on sonne le premier coup delà messe nocturne ; et les feux follets qui dansent pendant la nuit sur les tombes du cimetière et bien d'autres contes fantastiques
    (G. Dubosc. Journal de Rouen, 25 décembre 1898).


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